Chaol Vossa
ou "L'entrée dans la saison des pluies"

Texte de TEP Navuth, déc 96



Le premier jour de la lune décroissante d'Asath, (Juillet-août), les bonzes doivent entrer dans une période de retraite de trois mois appelée "Chaol Vossa" (Entrer dans la saison des pluie). Ce mot correspond au pâli "Vossa" qui signifie " Pluie". C'est le bouddha lui-même qui institua cette retraite. Le bons sens populaire donne une raison bien plus triviale : lorsqu'il marche sous la pluie, le moine, qui n'est revêtu que d'une robe de drap léger, risque de prendre un aspect indécent...

Pendant les trois mois (quatre mois en Inde) doit brûler, dans chaque pagode, le Cierge du Vossa ( tien vossa). C'est un cylindre de bois, plus ou moins richement sculpté et peint, où l'on coule de la cire vierge autour d'une mèche. Il doit être gros comme deux poings et haut de deux coudées. Mais la cire d'abeille étant devenue rare, on en met qu'une hauteur de cinq doigts dans la partie supérieure, la flamme étant entretenue par de l'huile.

Dès la veille, c'est à dire le jour de la pleine lune, l'animation règne dans les pagodes. Le matin, tous les moines viennent dans leur pagode honorer les Trois Joyaux ( Bouddha, la Loi, le clergé), réciter les préceptes du bouddhisme et célébrer les rites Da en l'honneur des Morts. La matinée se termine par un grand repas offert par les fidèles aux bonzes. Le soir, prières et prêches recommencent.

Le lendemain a lieu l'entrée en retraite.

Au crépuscule, le Cierge du Vossa est porté en procession, en même temps que les sampots vosseka sadak, pièces d'étoffe que les bonzes doivent revêtir pour prendre des bains de pluie, et les menus dons rituels.

La procession, gardant le temple à sa droite, en fait trois fois le tour avant d'y pénétrer. Puis le Cierge est consacré et allumé. Les religieux sont assis par rang d'ancienneté. Le plus âgé d'entr'eux annonce l'entrée dans le Vossa pour une durée de trois mois, annonce que les moines de la communauté répètent en choeur.

Pendant la retraite bouddhique, les bonzes ne peuvent circuler hors du monastère comme dans le reste de l'année. Ils peuvent se rendre chez des particuliers, sur leur demande, pour célébrer des offices, ils peuvent quitter le monastère en cas de maladie de leur père, de leur mère, ou de leur maître spirituel, mais ils ne doivent jamais être absents plus de sept jours. Avant de partir, ils promettent solennellement de ne pas prolonger leur absence au delà du terme régulier, et sitôt de retour, ils saluent le chef de leur communauté.

Il arrive parfois que, pour une raison quelconque, maladie par exemple, un bonze ne puisse pas entrer en retraite à la date habituelle. Dans ce cas, il doit commencer sa retraite de trois mois au premier jour de la quinzaine sombre du mois de Srap (août-septembre).