Le Reamker
(le Ramayana khmer )
Lire aussi :
Le Ramayana de Valmiki (Inde) |
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Le Pra Lak Pra Lam (Laos) |
La description de
Pierre Benoit dans "Le Roi Lépreux" |
SOURCE : François Bizot, RAMAKER ou l'amour symbolique de Ram et Seta, publié par L'E.F.E-O en 1989.
Jérôme ROUER, déc 96, juin 97.
Le Reamker ou Ramaker est la version khmérisée du Ramayana
indien de Valmiki dont il s'inspire. (histoire originelle)
Il daterait du début du second millénaire et se trouve raconté, entre autres, dans
les frises d'Angkor Vat.
Bien que très proche du Ramayana, le Reamker revêt
des caractéristiques que l'on ne retrouve qu'en Thaïlande et au Cambodge :
Sous toute réserve, il ne semble pas trop hasardeux d'avancer que le Ramayana était connu des sculpteurs khmers du début du Xème siècle. Ceci implique qu'il avait, avant même sa figuration sur pierre, imprégné depuis un moment déjà, la pensée et la sensibilité artistiques de cette époque. L'ébauche de la khmérisation se fait nettement sentir à partir des bas-reliefs ornant les frontons du Banteay Srei (fin Xème siècle) et apparaît comme certaine au Baphuon (début du XIème siècle). Avec les bas-reliefs d'Angkor Vat et de Banteay Samré (XIIème siècle), la khmérisation du Ramayana se manifeste telle qu'elle existe actuellement dans le poème littéraire classique.
La première partie commence par présenter les
principaux personnages, en particulier :
Préah Ream réussit à bander l'arc de Janak,
roi d'Ayodhya, et obtient ainsi la main de sa fille, Neang Séda.
Mais la promesse du roi de céder son trône à
un de ses fils en prive Préah Ream, simple beau-fils. Préah
Ream malgré ses exploits, est contraint à quatorze
ans d'exil où l'accompagnent son frère, Préah
Lak, et sa femme, Neang Séda.
La seconde partie relate cet exil ainsi que la guerre victorieuse de Préah Ream contre Reap, le Géant.
Pour punir Surpanakhar, la soeur de Reap, d'avoir tenter de le
séduire, Préah Lak, frère de Préah
Ream, lui coupe la main et lui rase la tête.
Pour se venger Surpanakhar attise la haine de son frère
Reap contre Préah Ream en le rendant fou amoureux de son
épouse Neang Séda. Un stratagème permet à
Reap d'enlever Neang Séda et de l'emporter dans son royaume
de Lanka.
Préah Ream déclare alors la guerre à Reap.
Cette guerre fait l'objet d'une longue narration dans laquelle
le singe blanc Hanuman joue un rôle déterminant dans
la victoire de Préah Ream. Neang Séda délivrée,
Préah Ream doute de sa fidélité conjugale
et lui fait subir l'épreuve du feu qu'elle passe avec succès.
Finalement Préah Ream devient roi d'Ayodhya et fait de
Neang Séda sa reine.
La troisième partie narre l'exil de Neang Séda ainsi que les vicissitudes de ses relations conjugales et familiales.
Toujours suspicieux quant à la fidélité de
sa femme la reine, Préah Ream ordonne à son frère
Préah Lak d'exécuter Neang Séda par l'épée.
L'épée se transformera en guirlande au moment de
s'abattre sur son cou. Préah Lak lui fait alors grâce
de la vie et Neang Séda se réfugie, s'exile chez
un ermite, Eisei, chez qui elle donnera naissance à deux
enfants de Préah Ream, Reamlak et Jupalak.
Comparables en puissance à leur père, ses fils mettront Hanuman en défaite avant d'accepter de rejoindre le royaume d'Ayodhya. Préah Ream tente de convaincre Néang Séda de revenir, mais celle-ci est déterminée à ne rentrer que pour pleurer la mort de son mari qu'elle continue de chérir. Préah Ream lui fait alors croire être déjà mort de chagrin. Son épouse, se croyant veuve, revient alors et lui fait une déclaration d'amour devant sa supposée urne funéraire. Découvrant la supercherie, elle tente de s'enfuir et, sur sa prière, la terre s'ouvre et lui trace le chemin la conduisant jusqu'au royaume des Naga où elle est accueillie et vénérée comme la "divine Mère des divinités".
Représenté sur pierre, le Reamker se manifeste également des manières suivantes :