Le stupa, monument funéraire

Jérôme Rouer, janv 96, juin, sept 97
Stupa laotien Stupa de Oudong.


Le stupa est un monument sacré d'origine bouddhique mâtiné de symbolisme brahmanique. Représentation du mont Meru, il symbolise le lien indispensable, la communication essentielle, entre la terre et le royaume des dieux. (dans les années 1970, la foudre s'était abattue sur le grand stupa de Phnom Penh, le Vat Phnom, détruisant son sommet. Le premier geste des dirigeants du régime communiste des années 1980 (Hun Sen, Chea Sim) fut de restaurer ce sommet : la communication avec le ciel était ainsi recréée...)

Le stupa, symbole architectural de la Birmanie, se retrouve dans tous les pays adeptes du Petit Véhicule : Ceylan, Thaïlande, Laos et Cambodge car,
Peu de temps avant la mort du Bouddha, Ananda lui demanda comment il convenait d'honorer ses reliques. Le Bouddha prit son manteau monastique, le plia en quatre, posa dessus son bol à aumône renversé et le surmonta de son bâton.
Il dit alors à Ananda que les monuments destinés à l'honorer devraient avoir cette forme.

Cette légende doit être l'explication bouddhique de l'ancien tumulus sous lequel on ensevelissait les morts dans l'Inde préaryenne : corps architectural substitué au corps de chair, le stupa contient la forme du Bouddha et de l'Univers.
La tradition nous apprend aussi qu'à la mort du Bouddha, ses cendres furent divisées en huit parts et que huit stupa furent construits. Le roi Asoka en retrouva sept. Il les éventra et après avoir partagé à nouveau les cendres, il érigea 84.000 reliquaires à travers le monde...


- Les stupas birmans ou zedi sont des masses architecturales pleines protégeant une chambre scellée qui renferme des reliques saintes.
Dans sa forme la plus élaborée, le stupa birman est une cloche évasée que surmonte un long cône effilé comme une flèche, parfois remplacé par une triple ombrelle en fer forgé (style birman du XIII°).
Le corps de la cloche est décoré d'une ceinture de guirlandes ou de têtes de monstre.

- En thaïlande ils sont appelés tchedi et sont souvent édifié sur un socle entouré d'éléphants, au moins pour les plus anciens (réplique des stupas de Ceylan)

- Au Laos ils sont appelés that. Proches de ceux de Thailande, ils reposent sur un socle massif et leur cloche, assez aplatie, se termine par une longue flèche effilée.

- Pour les Khmers, le stupa ("Tchetdey" en khmer) est un monument d'apparition tardive, érigé pour abriter les cendres des défunts. Ils sont communément construits au sein d'une pagode, mais il peut arriver qu'ils soient érigés chez des particuliers.

Les stupa sont rares dans les monastères pauvres, mais très nombreux dans les localités plus riches. En effet, chacun doit assurer la construction de son propre monument funéraire ; à la rigueur un couple peut être réuni dans le même édifice.

Les stupa ont plus ou moins l'aspect l'aspect d'une cloche renversée posée sur un socle. Il sont de hauteur très variable, en fonction de la somme que l'on peut y consacrer, de la taille d'un homme jusqu'à une trentaine de mètres (voir les stupa de Oudong).
Une porte permet d'accéder à l'intérieur où les cendres sont déposées, entourées d'une étoffe blanche et enfermées dans une urne.

Le prix nécessaire pour l'édification d'un stupa, sept à huit cents dollars américains pour les plus petits, explique que nombreux sont ceux qui ne peuvent pas se le permettre, les cendres étant alors conservées dans la maison du défunt.

Les stupa des rois ayant régné au Cambodge depuis un siècle et demi se trouvent soit à Oudong, où le roi Norodom Sihanouk est en train de faire construire le sien, soit dans l'enceinte du palais royal, à Phnom Penh.