Photos et carte du royaume de Pagan. |
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Jusqu'à l'arrivée des Chinois , VII° siècle, le peuple Pyu, sous influence indienne occupe le pays. |
Vers 850, les Môns prennent le pouvoir. |
1044 : début de la civilisation birmane de Pagan |
1287 : extinction de cette civilisation. |
Les Pyu, comme leurs cousins birmans, seraient d'origine thibétaine. Dans leur
descente de l'Irawady ils repoussèrent les populations locales, les Môn, vers le nord.
Ceux-ci les arrêtèrent à Prome.
De nombreuses légendes sont attachées à la ville de Prome. Pour certains
son nom voudrait dire la " Ville de Brahma ", pour d'autres
la " Ville de Vishnou ", pour d'autres encore ce serait
la " Ville de l'Ermite ", c'est à dire Bouddha
soi-même.La légende dit aussi qu'elle a été fondée
en 454 avant JC par des rois indiens...
Les recherches de Beyliè lui permettent de conclure que
ce fut une ville bouddhiste à partir du VII° siècle
et jusqu'au XI°, où elle fut abandonnée au
profit de Pagan.
Au VIII° ce royaume est conquis par le royaume chinois limitrophe du Nan-Tchao
qui se proclame suzerain en 754.
La capitale pyu est prise en 832 par les Chinois du Nan-Tchao
qui déportent plus de 3000 habitants. Quelques années
plus tard ce sont les belliqueux voisins du sud, les Môns, qui
s'emparent de la ville et l'occuperont pendant trois siècles.
Les Mons étaient installés en Birmanie, dans le
delta de l'Irrawaddy, au moins depuis le premier siècle
après JC. Leur peuplement s'étendait jusqu'à l'actuelle Bangkok (royaume de Dvaravati).
Une de leurs capitales, Pegu, connût son apogée au IX°,
mais il n'en subsiste aucun vestige important de ce port, à part la
pagode de Hti-Saung qui sera ultérieurement reproduite dans le puissant
royaume de Pagan. Plus tard, le royaume de Thaton, autre port Môn, prit le dessus.
Pagan aurait été fondée en 107 par des Birmans
(tribus descendues des plateaux sino-thibétains), à 50 kilomètres au sud
de la confluence de l'Irawadi et du Chindwin. Cette région connaissait alors un
climat favorable aux cultures, ce qui n'est plus le cas.
Vers l'an 1000 une guerre de succession fait apparaître un roi jardinier
régicide, l'équivalent du roi jardinier cambodgien
"Concombre sucré
" (mais ce dernier date de 1350)
Comme dans la civilisation d'Angkor et pour les mêmes raisons,
il ne subsiste de Pagan que des édifices religieux. Les
habitations des mortels, bâties en matériaux périssable,
ont toutes disparu.
Dans la première période de Pagan, ce sont les architectes
môns qui se chargent des constructions (en général
trois à cinq terrasses carrées ou octogonales, dont
la dernière est coiffée d'un stupa en forme de
cloche. Escaliers axiaux sur les quatre côtés, peu
de lumière à l'intérieur dans le style môn).
Puis ils deviendront de forme pyramidale, construits en brique,
décorés en stuc, les sanctuaires seront largement
ouverts à la lumière, les sculptures se limitant
à l'image du Bouddha. Les peintures murales abonderont.
En architecture, l'influence Môn disparaîtra progressivement. C'est
vers 1144 qu'apparaîtra
un style proprement birman : salles et corridors plus éclairés
par de nombreuses fenêtres, utilisation, unique dans la région, de l'arc rayonnant
à claveaux pour les voûtes :
Dès 1174 les fonctionnaires môns, anciennes prises de guerre,
sont remplacés
par des Birmans. La langue birmane devient la langue officielle,
le Bouddhisme therevada triomphe, les constructions de pagode
sont innombrables. Comme dans le cas d'Angkor, les rois de Pagan
entretiennent un système religieux parasitaire sur le plan économique qui finit
par miner le royaume .
En 1254 monte sur le trône le dernier roi birman, roi très
pieux qui ne se consacre qu'à la religion. Mais la menace
mongole se précise.
On a trouvé les traces de quelques 5 000 monuments disséminées
sur quarante km² autour de Pagan. Un petit millier, souvent en ruines, ont survécu.
Le royaume d'influence indienne et bouddhiste des Pyu,
III°-VIII° siècles
(basse vallée de l'Irawady)
Les ruines de Prome
Vers la fin du VIII° siècle les Môn reprirent leur territoire et cités. Il ne reste
que très peu de traces de cette civilisation qui aurait été fondée et dirigée par des
brahmanes indiens.
On affirme aujourd'hui que l'aristocratie et les classes dirigeantes
étaient hindoues, que le peuple était bouddhiste.
Comme en Inde les morts sont incinérés, mais, à
la différence des traditions indiennes, les cendres sont
stockées dans des urnes funéraires et enterrées.
Peu importantes, les ruines de Prome, 300 km au nord de Rangoon sur le bas-cours de
l'Irawady, ont été étudiées en 1907 par le général
de Beylié. Prome (Hmawza) serait la ville la plus ancienne de Birmanie.
Au nord de cette ville commençaient les zones de peuplement Môn avec leurs deux
capitales, Pegu et Thaton.
En 791 les Pyu se soumettent à
l'empire de Chine, (les T'angs) : nous avons alors des renseignements
d'importance sur ce qui se passe en Birmanie : les annales chinoises confirment
que le royaume des Pyu est riche et bouddhiste.
Il ne reste pas grand chose de cette civilisation : quelques ruines de stupa, en forme
d'obus comme en Inde à la même époque, et
des traces d'enceintes et de cimetiéres.
Les royaumes des Môns et la ville disparue de Pegu
Ils avaient une culture évoluée
dont les éléments essentiels étaient empruntés
à l'Inde et étaient bouddhistes Theravadin (la
légende fait naître et mourir le grand commentateur
du Bouddha dans ce royaume, au V° siècle)
Les Birmans du nord, vers 1057, absorbèrent ces royaumes pour former la
civilisation de Pagan.
La civilisation bouddhique de Pagan : deux siècles de
prospérité
Majoritairement
bouddhistes du Grand Véhicule, une de leurs tribus aurait
développé le bouddhisme des Aris,
religion officielle de l'ancienne Pagan. Ces Birmans vénéraient aussi
les Nats, équivalents des Neak Ta du Cambodge ou
des Phi du Laos.
En 1044 apparaît le roi de légende Anawratra (dit aussi Anôratha 1044-1077),
fondateur du royaume de Pagan. (il est contemporain de deux autres grands rois :
Suryavarman I à Angkor et Airlanga à Java)
Anawratra se convertit au bouddhisme du Petit Véhicule
et fit une guerre victorieuse aux Môns pour imposer cette
religion et faire disparaître la secte des Aris. Il razzie
Pégu, en ramène quelques 30.000 esclaves, d'une
civilisation bien supérieure à celle de son peuple. Ces
prisonniers de guerre construiront Pagan, "la plaine aux milles pagodes", et
créeront un vaste réseau d'irrigation à l'Est de la capitale.
Pagan, c'est avant tout, la brusque
éclosion d'un art riche, dynamique, aux réalisations
innombrables. Pagan plonge ses racines et se nourrit dans la doctrine du Bouddha.
E. Guillon et C. Delachet ont écrit :
"Qu'est-ce que Pagan? Une floraison de temples, de stupas,
de pagodes de styles si divers qu'il est difficile d'abord de
s'y reconnaître. Fresques, peintures murales sur fond brun,
ocre, blanc, aux fines silhouettes et dont les personnages, parfois
barbus, ont des yeux de biche. Statues, innombrables statues du
Bouddha, squelettique, dodu, tourmenté, souriant, jeûnant,
grave. Plaques sculptées aux monstres grimaçants
ou aux symboles difficiles, plaques vernissées, corniches,
inscriptions sur pierre, sur tablette d'argile.
" Cette soudaine éclosion artistique d'un peu plus
de deux siècles englobe plusieurs styles d'architecture.
Le plus vieux style, le style "pyu", émerge
çà et là, tels de gros épis de maïs
couleur de rouille, plantés là sans raison, sans
nom. Quelques-uns sont recouverts d'un bel émail vert d'eau
qui devait revêtir jadis sols et figurines. Mais une autre
forme, voisine de la première, est plus commune: grand
dôme en forme de cloche, surmonté d'une flèche
et d'un "parapluie" en métal doré, le
stupa dépasse largement les frontières de Pagan.
La Birmanie en est recouverte et les Birmans se plaisent à
l'appeler leur "style national"".
" D'érection facile, d'entretien aisé, ces
stupas sont supposés abriter des reliques, minuscules statuettes
de bronze, chapelles de métal, esprits en habit royal,
de la taille d'une pièce de jeu d'échecs, A Pagan,
le plus célèbre de ces stupas est sans conteste
la pagode de Shwezigon où l'on vient tout à la fois
vénérer le Bouddha et les trente-sept statues des
esprits que l'habile Anawrata aurait, dit-on, intégrés
au culte bouddhiste. "
Dans sa forme la plus élaborée, le stupa birman est une cloche
évasée que surmonte un long cône effilé
comme une flèche, parfois remplacé par une triple
ombrelle en fer forgé (style birman du XIII°).
Le corps de la cloche est décoré d'une ceinture
de guirlandes ou de têtes de monstre.
"Naturellement, on s'est demandé pourquoi les bâtisseurs
de Pagan, si respectueux des conceptions indiennes dans d'autres
domaines. Avaient renoncé à les appliquer sur ce
plan précis. Certains ont suggéré que l'arc
provenait d'une autre source, par exemple de l'Asie centrale ou
du monde musulman. Une explication fort séduisante se présente
à nous: l'interdit indien aurait été tourné
en raison du poids extrêmement lourd des masses de maçonnerie
à Pagan; ces conditions auraient permis de ne pas tenir
compte des poussées, et rien ne saurait choquer le sentiment
indien si on considère ces voûtes comme il faut en
vérité les considérer: non pas en tant que
moyen de recouvrir d'une toiture un espace, mais comme moyen de
renforcer une caverne. Quoi qu'il en soit, il est incontestable
que la conservation des monuments de Pagan doit beaucoup à
la stabilité de l'arc rayonnant. "
En 1287 les Mongols envahissent la
Birmanie, "dix mille temples" sont démolis pour fortifier
la ville avec les matériaux de récupération.
Mais le roi, " fuit devant les Chinois ", sans autre forme
de procès. La bataille de Pagan n'aura pas lieu. Les mongols
occupent Pagan pendant une dizaine d'années avant que
la ville, considérée comme terre de mauvaise augure
soit, tout comme Angkor deux siècles plus tard, abandonnée.