Pour Georges Coedes, "khol" serait un mot que les cambodgiens utilisent pour désigner une variété de grands singes. ainsi, Lokhon khol signifierait "théâtre de la danse des singes". Toujours est-il que ce spectacle présente des épisodes du Reamker . Mais, héritage des Khmers rouges, seuls deux maîtres vivent encore et ils ne se souviennent que de six des quarante-cinq épisodes qui étaient encore joués dans les années soixante.
Seuls les hommes participent à ce spectacle. Ils sont masqués à l'exception de ceux qui interprètent un rôle féminin qui sont alors poudrés et fardés.
Cette forme artistique, telle qu'elle est encore interprétée
maintenant, a été introduite par le roi Ang Duong
vers le milieu du XIXème siècle. La tradition en
est cependant plus ancienne et semble avoir été
en pratique à l'époque d'Angkor. La troupe fut dispersée
à la mort du roi. Puis le roi Norodom institua la cérémonie
de l'anniversaire royal où il désira avoir un spectacle
de Lokhon Khol. La troupe de Yiké du village de Vat Svay
Andet fut choisie pour ce faire et reste aujourd'hui encore le
dépositaire de ce spectacle de cour.
La cérémonie de l'anniversaire royal étant
tombée en désuétude, la troupe ne joue plus
désormais que dans son village, au moment du nouvel an
khmer, en avril. Ces danses se sont inscrites dans les rites agraires
auxquels participent les génies tutélaires ou Neak Ta
du village.
La scène du Reamker nommée "la libération des eaux" est celle à laquelle les villageois ont toujours attaché le plus d'importance ce qui lui a permis de subsister jusqu'à présent : (on voit le frère de Reap barrer les eaux qui servaient d'approvisionnement à l'armée des singes et le stratagème utilisé par Hanuman pour rompre le charme ). Elle est jouée pour appeler la pluie.
D'une manière plus générale, les représentations de Lokhon Khol symbolisent la communication avec les esprit du village (les neak ta) qui, en retour, sont les garants de la protection et de la prospérité des habitants.