En khmer moderne, le même mot (varnak) signifie "caste" et "classe sociale".
La principale et quasi unique source d'informations sur la société
angkorienne est le mémoire de Tchéou TA-KOUAN, appellé aussi Zhou Daguan.
C'était l'un des
accompagnateurs d'une ambassade chinoise de la dynastie des Yuan.
Il passa près d'une année au Cambodge et visita Angkor en 1296,
fin de la période historiquement connue
d'Angkor.
Son journal, intitulé Mémoires sur les coutumes du Cambodge,
attendra 1902 pour être correctement traduit (par Paul Pelliot).
Sous influence de culture indienne, Angkor était divisé en castes, mais à la khmère, c'est à dire avec une marge de tolérance importante quant aux devoirs de chacune : ainsi les brahmanes, position héréditaire chez les Khmers, ne se souciaient peu des principes de pureté et de célibat de leurs lointains modèles... Il n'existait pas "d'intouchables" et les hôpitaux étaient ouverts à tous.
Le pouvoir du roi, représentant des dieux sur terre, était absolu. C'était la monarchie autocrate de droit divin dans tous ses excès au point que, après la prise d'Angkor, la royauté siamoise dont le comportement était proche de celle d'Angkor, changea radicalement, pour un temps seulement, son approche du peuple. Il lui fallait éviter de se retrouver comme les rois d'Angkor complètement dissociés et abandonnés de sa base.
L'injustice sociale fut une des causes majeures du déclin d'Angkor. L'aristocratie féodale et religieuse qui était à l'origine de cette civilisation, s'était pervertie dans sa soif d'argent et ne sût plus justifier ses profits par les services rendus. Les fonctionnaires étaient corrompus à l'extrême, les brahmanes jouissaient de privilèges exorbitants... Seul le petit peuple trinquait.
Après Angkor, le principe indien des castes s'est transformé peu à peu en principe de hiérarchie sociale, fondement de l'ordre. Le Khmer en est resté très respectueux et soumis aux principes de la hiérarchie.
Les stèles de fondation des hôpitaux de Jayavarman VII indiquent précisément
que les malades des "quatre castes" pouvaient être soignés.
Tcheou Ta Kouan, confirme que
la société angkorienne était divisée
en quatre grands groupes qu'il décrit :
Les membres de la maison royale et les guerriers (kshatriya) |
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Les brahmanes et autres ecclésiastiques |
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Les hommes libres ou Neak chea |
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Les esclaves |
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En 1875, d'après Aymonnier, il restait au Cambodge deux
castes héréditaires :
- Celle des BAKOUS,
descendants de la caste des brahmanes (on en a retrouvé deux en 1991 !)
et dont
le rôle principal était de garder l'épée
sacrée, symbole de la royauté (disparue dans les années 1972)
et de réciter
des formules, d'origine sanscrites et inintelligibles pour les
cambodgiens, pendant les cérémonies royales.
- Celle des Préa Vongsa, ou descendants de familles royales.