Le Prah Khan (L'épée sacrée)

Jérôme ROUER, janv, mai, sept 97


Le Prah Khan est un des plus grands temples de la région. La tradition dit qu'il fut construit à l'endroit même où le roi, Jayavarman VII, mena une bataille décisive contre les Cham vers 1180.

Il jouxtait la rive ouest d'un baraï, le Jayataka, aujourd'hui asséché. La route actuelle (Grand Circuit) qui mène au temple passe sur la digue ouest de ce baraï. Comme pour tous les baraï, un ilôt artificiel avait été aménagé au centre du lac. Ici furent contruits les bassins du Neak Péan aux vertus miraculeuses.
Prah Khan se caractérise par une perspective d'ensemble magnifique quoique un tantinet grandiose. La grande allée d'entrée (à l'est, 100 mètres de long sur 10 de large) est une des plus belles réalisations d'Angkor.

Le Prah Khan était aussi une ville royale de 56 hectares, entourée de douves, avec en son centre (troisième enceinte, 175 x200), un " chaos architectural " en grès, typique des constructions de Jayavarman VII.
Cette ville possédait un hôpital (non retrouvé) et une maison des voyageurs (encore visible).





Dans le coin sud-ouest du temple, une construction hypostyle de deux étages, d'architecture unique dans toute la région, pose questions : Coédes pensait qu'il s'agissait de l'endroit réservé aux sacrifices humains...
Remarquez qu'il n'y a pas d'escalier, pas de décors au rez de chaussée et que le bâtiment était entouré d'eau.

La ville abritait 97 840 serviteurs du temple dont 1 000 danseuses. Le temps se passait entre dix huit grandes fêtes annuelles et dix jours fériés par mois !

Le temple fut consacré en 1191 à la mémoire du père de Jayavarman VII alors que le Ta Prohm, de facture semblable, fut consacré à sa mère.

Le monument ruiné et recouvert par la forêt a étè dégagé par Marchal dès 1927.
M Glaize put commencer les travaux d'anastylose en 1939 ! Le World Monument Fund poursuit depuis 1994 un plan de restauration qui devrait durer dix ans.
Il reste (1997) quelques grands arbres qui donnent une majesté grandiose à ce site.

L'architecture est conforme à celle de tous les monuments construits par ce roi : sur la base d'un plan masse d'une symétrie biblique, longues enfilades de porches, vestibules, salles et galeries, on voit apparaître des bâtiments rajoutés au petit bonheur la chance et des structures qui ont été reprises plus d'une fois...

Le décor présente aussi la même confusion des genres. Statues bouddhiques et brahmaniques s'entremêlent. Mais la plupart des statues bouddhiques originelles furent bûchées lors de la réaction brahmanique du XIII° siècle.

Le temple possédait 515 statues, dont deux sont actuellement au musée Guimet à Paris.
Vous pourrez vous recueillir auprès de la "Femme Parfaite": il s'agit d'un bas relief de devata, que le hasard des constructions et des éboulements ont relégué dans un endroit difficile à trouver (allée sud à partir du stupa placé dans le sanctuaire central. Au bout de 50 mètres tourner deux fois à droite pour rentrer dans une courette. Escalader les éboulis situés à l'ouest de la courette. Prendre à gauche et aller le plus loin possible (15 mètres). Vous trouverez une petite pièce transformée en sanctuaire bouddhique. La devata est dans le fond de la pièce. Lampe de poche !).
La tradition actuelle dit que cette devata représente l'épouse du roi Jayavarman VII, la très belle et très savante princesse bouddhiste Indratévi.

Vous remarquerez aisément que les murs du sanctuaire central devaient être recouverts de plaques de métal (bronze doré ou cuivre ?)