Chronologie des rois d'Angkor |
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De sang royal par son père et par sa mère, bouddhiste mahayana convaincu, il passa sa jeunesse à guerroyer contre les Chams et ne se préoccupa pas du trône jusqu'à l'âge de cinquante ans. Il laissa même un usurpateur, simple mandarin, régner pendant neuf ans. C'est sous ce régne, en 1177, que la flotte cham, guidée par un chinois, débarqua à Angkor et occupa la ville pendant sept ans.
Jayavarman VII parvint à chasser les Chams et se
fit couronner roi en grande pompe en 1181.
Et ce roi de cinquante ans réussit à faire renaître
le royaume qui, après la gloire d'Angkor Vat ( temple
bâti 60 ans auparavant par l'autre grand roi d'Angkor, Suryavarman II ),
avait décliné au point de devenir une colonie cham
sous l'effet d'incessantes querelles de succession.
Sous l'influence de sa seconde femme, la princesse Indradevi "qui
surpassait par sa science la science des philosophes",
Jayavarman VII remplaça le culte du devaraja (le dieu-roi civaïste)
par celui du bouddharaja (le Bouddha-roi) et voua un culte particulier
au bodhisatva Lokesvara.
(les fameux visages des cinquante tours du Bayon seraient ceux de Lokesvara).
C'est un changement d'importance, comparable au geste d'Henri IV abjurant
pour conquérir le coeur des parisiens ("Paris vaut
bien une messe!"). En effet le peuple était las
du brahmanisme qui outre l'injustice sociale leur avait amené
la défaite, l'esclavage et la mort... Le bouddhisme mahayana,
présent depuis longtemps, était devenue la religion
majoritaire en dépit des brahmanes et de l'aristocratie.
Premier roi formellement bouddhiste le roi assura le changement
dans la continuité, en faisant coexister les deux traditions
sans sectarisme, en réussissant à cumuler le nouveau et l'ancien, en
utilisant le bouddhisme mahayana pour sauver le magnifique héritage
du brahamanisme.
Lui même ne renia par entièrement le brahmanisme.
Il étudiait les livres saints avec le brahmane-maître
spirituel Mahaharimikesa.
Si les images de Bouddha prirent dans les temples la place des
linga sivaïtes et des statues de Vishnu,
les temples-montages subsistèrent, et les représentations mythologiques
brahmaniste, telle la scène du barattage de la mer de lait
symbolisant l'aspiration à la prospérité
du pays restèrent un des thèmes favoris de décoration
(Angkor Thom).
La monarchie divine entreprit des oeuvres traduisant la compassion bouddhique du roi pour le peuple. On voit apparaître des tendances, pour ainsi dire, socialistes, humanitaires. Sur les bas reliefs du Bayon, et ailleurs apparaissent pour la première fois des scènes de la vie quotidienne impliquant non plus les dieux mais de simples khmers... Il fit construire 102 hôpitaux, (lire étude sur la stèle de Say Fong au Laos), des routes et des ponts avec 121 gîtes d'étapes.
Jayavarman VII avait la folie de construire. Son oeuvre majeure,
le Bayon, fut reprise de nombreuses fois et pas pour de
simples travaux de détails..
On lui doit aussi (entre autres):
A Angkor :
- les remparts, les cinq portes et la rénovation
d'Angkor Thom,
- Les terrasses dites des Eléphants et du
Roi Lépreux,
- Le Prah Khan, vaste monastère dédié
à son père qui occupait 97 850 personnes,
- Le Ta Prohm dédié à la mémoire
de sa mère (79 365 personnes desservaient ce seul temple),
- Le Neak Pean
- Le Bantéa Kdeï
En province :
- Le Ta Prohm de Tonlé Bati,
- Le Bantéay Chhmar
- Le Vat Nokor
Il s'agit d'une oeuvre considérable, construite en peu
d'années et qui dut mobiliser toutes les ressources de
la nation; ce qui fit écrire à Geoges Coedés
que "le Cambodge fut saigné à blanc par
un despote avide de prestige".
C'est à la fois le Louis XIV et la reine Victoria du Cambodge.
La date de sa mort est inconnue. On sait qu'il régnait encore en 1200 et on
pense que le recul de la puissance angkorienne à partir de 1220 serait
consécutive à sa disparition. On ignore quel est celui de ses
fils qui lui succéda.
Vingt cinq ans après sa mort, qui se placerait vers 1218, il y eut une
vive réaction civaïste de la part des brahmanes :
statues et bas-reliefs bouddhiques furent bûchés
ou réaménagés... et les discordes embrasérent
à nouveau le pays.
Jayavarman VII a fait renaître pour un certain temps l'ancienne
grandeur des khmers. Il est considéré comme le
plus grand des rois khmers car il a redressé, pour un temps,
un pays en voie de perdition matérielle, culturelle et
morale.
On connait ses successeurs jusqu'en 1327. Puis l'histoire d'Angkor entre
1327 et 1432, date de prise de la ville par les Siamois, reste encore
totalement inconnue.
Deux siècles après la mort de Jayavarman VII, Angkor était abandonnée.