Le Vat Phou ("Le temple de la montagne")

Jérôme ROUER, juin, juillet 97

Le temple de Vat Phou situé à 14 kms de Bassac, 30 km de Paksé, est l'unique édifice khmèr important du Laos.
Il est construit au flanc d'une montagne sacrée, le phou Bassac qui le domine de toute sa hauteur.
Son sommet, en forme de têton, fut considéré comme le linga fondateur du royaume du Chenla.

Les annales chinoises et inscriptions trouvées dans ce monument ont permis à Parmentier et à Coédes d'en retracer l'histoire:

« Au pied du Lingaparvata (nom de la montagne dans les inscriptions) se dresse dès avant le VII° siècle de notre ère un sanctuaire au flanc de la montagne, tandis que, peut-être dans la plaine avoisinante existait déjà un bassin pour le service du temple. Dès l'origine, l'eau d'une source voisine est amenée pour arroser le dieu d'une ablution perpétuelle.
Puis le temple s'agrandit, on fit des transformations, de nouveaux bâtiments furent construits soit à la fin du XI°, soit au début du XIII° siècle. Des effondrements dus vraisemblablement à des affaissements de terrain permirent de modifier !e plan du bâtiment.
L'accident s'est passé du temps des Khmèrs qui débarrassèrent les édifices de leurs décombres et reconstruisirent le sanctuaire en cherchant à rappeler ses formes passées. Le temps et les moyens manquèrent, semble-t-il, pour en parachever la restauration et le monument passa aux mains des Laotiens qui y établirent une bonzerie ; ils transformèrent le temple en pagode bouddhique en utilisant les décombres de briques sans doute rejetés en quelque coin. C'est sous cette forme bâtarde qu'il nous est parvenu
» (Parmentier).

G. Coedès affirme :
la tradition orale ayant encore cours chez les Cambodgiens dit que le royaume khmèr se serait constitué aux dépens des Chams installés à Champasak.
Cette fondation aurait été accompagnée de l'institution d'un culte au pied de la colline de Vat Phou qui domine Champasak et porte à son sommet un énorme linga naturel, formé par un monolithe auquel la colline doit son nom sanskrit de Lingaparvata, "La montagne du linga".
Le culte de ce linga nommé Bhadreçvara est attesté au cours des siècles par l'épigraphie ; au vue siècle, un texte chinois rapporte que " près de la capitale (du Tchen-la) est une montagne nommée Ling-kia-po-p'o (Lingaparvata) au sommet de laquelle s'élève un temple toujours gardé par mille soldats et consacré à l'esprit nommé P'o-to-li (Bhadre[çvara]) auquel on sacrifie des hommes. Chaque année, le roi va dans ce temple faire lui-même un sacrifice humain pendant la nuit ".


Le temple aurait été relié à Angkor par une route longue de 100 km marquée de pierres.
L'ancienne ville, plus de 4 kilomètres carrés au pied de la montagne, et le temple implanté sur son flanc, à 70 mètres, formaient une unité. La ville fondée au V° siècle et aujourd'hui enfouie sous terre, n'a jamais été fouillée. Les ruines, datant du IX°-XII° siècle, encore impressionnantes, pourraient être restaurées : depuis 1994 une mission franco-italienne tente d'en refaire les plans. Des constructions parasites devront être détruites.

Le site, orienté Est-Ouest, est assez étendu et est entouré d' une enceinte. Il est composé


Le temple supérieur est protégé par des murs. Il faut monter encore 12 marches pour accéder au temple principal. Le sanctuaire est en forme de croix. L'intérieur, à trois nefs, est précédé d'un grand vestibule. Lorsque le roi se rendait au sanctuaire de Shiva, il s'arrêtait pour boire à la source.