Le temple de Vat Phou situé à 14 kms de Bassac, 30 km de Paksé, est l'unique édifice khmèr important
du Laos.
Il est construit au flanc d'une montagne sacrée, le phou Bassac qui le domine de toute sa hauteur.
Son sommet, en forme de têton, fut considéré comme le linga fondateur du royaume
du Chenla.
Les annales chinoises et inscriptions trouvées dans ce monument ont permis à Parmentier et à Coédes d'en retracer l'histoire:
« Au pied du Lingaparvata (nom de la montagne dans les inscriptions) se dresse
dès avant le VII° siècle de notre ère un sanctuaire au flanc de la montagne,
tandis que, peut-être dans la plaine avoisinante existait déjà un bassin pour le
service du temple. Dès l'origine, l'eau d'une source voisine est amenée pour arroser
le dieu d'une ablution perpétuelle.
Puis le temple s'agrandit, on fit des transformations, de nouveaux bâtiments
furent construits soit à la fin du XI°, soit au début du XIII° siècle.
Des effondrements dus vraisemblablement à des affaissements de terrain permirent
de modifier !e plan du bâtiment.
L'accident s'est passé du temps des Khmèrs qui débarrassèrent les édifices
de leurs décombres et reconstruisirent le sanctuaire en cherchant à rappeler
ses formes passées. Le temps et les moyens manquèrent, semble-t-il, pour en
parachever la restauration et le monument passa aux mains des Laotiens
qui y établirent une bonzerie ; ils transformèrent le temple en pagode bouddhique
en utilisant les décombres de briques sans doute rejetés en quelque coin.
C'est sous cette forme bâtarde qu'il nous est parvenu » (Parmentier).
G. Coedès affirme :
la tradition orale ayant encore cours chez les Cambodgiens dit que le royaume khmèr se serait constitué
aux dépens des Chams installés à Champasak.
Cette fondation aurait été accompagnée de
l'institution d'un culte au pied de la colline de Vat Phou qui
domine Champasak et porte à son sommet un énorme
linga naturel,
formé par un monolithe auquel la colline
doit son nom sanskrit de Lingaparvata, "La montagne du linga".
Le culte de ce linga nommé Bhadreçvara est
attesté au cours des siècles par l'épigraphie
; au vue siècle, un texte chinois rapporte que " près
de la capitale (du Tchen-la) est une montagne nommée Ling-kia-po-p'o
(Lingaparvata) au sommet de laquelle s'élève un
temple toujours gardé par mille soldats et consacré
à l'esprit nommé P'o-to-li (Bhadre[çvara])
auquel on sacrifie des hommes. Chaque année, le roi va
dans ce temple faire lui-même un sacrifice humain pendant
la nuit ".
Le temple aurait été relié à Angkor par une
route longue de 100 km marquée de pierres.
L'ancienne ville, plus de 4 kilomètres carrés au pied de la montagne, et le temple implanté
sur son flanc, à 70 mètres, formaient une unité. La ville fondée au V° siècle et aujourd'hui enfouie sous terre, n'a jamais été fouillée. Les ruines, datant du IX°-XII° siècle, encore impressionnantes, pourraient être restaurées : depuis 1994 une mission franco-italienne tente d'en refaire les plans. Des constructions parasites devront être détruites.
Le site, orienté Est-Ouest, est assez étendu et est entouré d' une enceinte. Il est composé