Le grand théâtre d'ombres cambodgien est assez original. En effet, il ne s'agit pas, comme dans l'Ayang, d'ombres créées par la projection de formes ou d'objets à partir d'une source de lumière sur un écran blanc. Dans la version originelle, le brasier est en arrière de l'écran et les figures de cuir sont maniées devant les spectateurs par des manipulateurs-danseurs qui les tiennent à bout de bras.
Les cuirs, contrairement à ceux de l'Ayang,
sont d'une seule pièce et non articulés.
L'écran s'étend sur dix mètres de long sur
quatre de haut. Les figures de cuir, s'élevant à
un mètre soixante de hauteur, sont fabriquées selon
des règles d'une rigueur très précise au
rythme de rituels censés apporter la protection des dieux
et esprits. L'artisan, dans la réalisation de ces panneaux
de cuir de boeuf, se doit de respecter certaines règles
établies de manière quasi immuable par la tradition.
Là encore, ce n'est pas l'inventivité qui est mise
en exergue, mais le respect d'un processus sacré.
Une variante du grand théatre d'ombres utilise des figurines teintes
taillées dans des panneaux de cuir de dimensions plus modestes.
Les danseurs, tout en tenant les figures de cuir à bout
de bras, exécute une chorégraphie qui se calque
sur celle du Lokhon Khol et en reprend les thèmes eux-
mêmes toujours extraits du Reamker, le Ramayana cambodgien.
Les danseurs-porteurs de cuir
sont accompagnés par un orchestre Pin Peat et par deux narrateurs
qui sont les maîtres du spectacle.
Déjà en régression avant 1970, le grand
théâtre d'ombres a particulièrement souffert
de la guerre. Un jeu complet de grand cuir a récemment
été reconstitué. Des danseurs sont formés
par les deux narrateurs qui ont survécu. Un atelier de
confection des cuirs a été recrée au Vat
Bo de Siem Reap, ville dans laquelle une troupe a pu être
recréée après qu'une formation ait été
assurée à de jeunes danseurs par les quelques survivants.
Le premier spectacle public, organisé par le Centre Culturel Français, a été donné
le 27 septembre 1997.