La mort d'un Khmer aujourd'hui.


L'agonie :

Lorsque quelqu'un est à l'agonie, on invite les moines à se rendre à son chevet afin de réciter une prière nommée "Tor", qui peut correspondre à l'Extrême-onction chrétienne, et qui est destinée à ce que l'âme ait une bonne réincarnation. De plus un Achar doit veiller sur le mourant jusqu'à son dernier souffle.

Tous les parents qui ont causé du tort à celui qui agonise doivent se rendre à son chevet pour demander son pardon. On lui demande de plus de se concentrer seulement sur les bonnes actions qu'il a accompli au cours de sa vie et de ne pas s'inquiéter pour les membres de sa famille.

On organise enfin de petite cérémonie consistant en offrande à base de feuilles de bananier et de bougies ("Tien Kol" ou "Tien Kalb") que l'on fait brûler à côté de la tête et de chaque épaule du mourant.
Normalement fait avec un poids déterminé de cire vierge, le Tien Kol doit avoir une mèche de 19 fils, le nombre étant parfois porté à 32 (que les Bouddhistes considèrent être le nombre de partie du corps), ou même 56, chiffre qui symbolise les bienfaits du Bouddha.

Le moment de la mort :

Dès que le décès est constaté, l'Achar ferme les yeux et la bouche du défunt. Il allume de petites lampes ("tchangkien") à l'aide de la flamme des bougies mortuaires qui étaient enflammée au moment du décès ce qui doit permettre à l'âme de se réincarner.

Il convient en suite de laver le corps, de l'asperger de parfum. On le coiffe trois fois en arrière, puis trois en avant, ce qui symbolise les trois destinations possibles de l'âme : en enfer, sur la terre ou au paradis.

On revêt ensuite le cadavre d'une écharpe blanche qui ceint le torse et repose sur l'épaule droite, d'un mouchoir blanc carré qui couvre le visage, de fil blanc enserrant poignées et chevilles, et enfin, d'un tissu blanc recouvrant tout le corps.

On place alors le corps dans le cercueil que l'on loue, et l'on invite les moines pour prier. L'incinération des pauvres a lieu le jour même ou le lendemain matin. Celle des personnes plus aisées se déroule deux ou trois jour après le décès, temps pendant lequel des moines prient, un ou des Achar sont présents et où les parents et amis viennent présenter leurs condoléances.

Ce laps de temps est accompagné par la musique mortuaire diffusée au moyen de mégaphone et à laquelle quiconque dans le voisinage ne peut échapper. Pendant des intermèdes, l'Achar parle au micro, soit pour requérir des offrandes, soit pour donner des renseignements sur la vie ou la crémation du mort, soit enfin pour souhaiter bonne chance à l'âme du défunt.

La procession funéraire :

La procession funéraire a lieu le jour de la crémation et accompagne la dépouille mortelle de son foyer jusqu'au crématoire, qui se trouve dans l'enceinte d'une pagode.

En tête, se tient un Achar qui brandit un "Tung Proleom" suivi des musiciens qui exécute les airs de la musique funéraires, le "Khlang Khaek". Les instruments sont un "Pey" (flûte) et des "skor Yaul" (tambour des morts).

Vont ensuite des gens qui jettent du polystyrène, ou des pétales, contenus dans des plateaux.

Après, seul devant le char funèbre, marche le fils aîné, y compris par adoption, du défunt. Il s'est pour l'occasion rasé la tête et prend le froc, au moins pour la durée de la cérémonie. Le char est un camion camouflé en palanquin paré de draps blancs. le cercueil est entouré de quatre porteurs.
Suivent les parents directs, et enfin, les autres membres de la famille, amis et connaissances de la personne décédée.

La procession, ou plus simplement, les proches parents du défunt, doivent effectuer trois rotations autour du crématoire en le laissant à leur droite. Pour les personnes importantes, leur vie est brièvement relatée avant que leur corps ne soit brûlé.

Une fois la crémation achevée, un Achar recueille les ossements résiduels. Ils sont lavés avec du jus de noix de coco, puis enveloppés dans un tissu blanc et enfermés dans un "Kot", urne surmontée d'un couvercle. Le Kot sera ensuite placé sur l'autel des ancêtres ou dans un stupa.
L'autel des ancêtres contiendra au moins une photo de la personne disparue.

Deux cérémonies importantes ont lieu à la suite de ces rites : La première a lieu sept jours après le décès. Il est en effet dit que l'âme ne se rend compte de la mort de l'enveloppe charnelle qu'elle revêtait qu'à ce moment là qui est donc celui où elle s'en sépare. La seconde se passe cent jours après la mort et marque la fin de la période de deuil.

Chaque fois, les moines sont conviés pour faire des prières. Ces réunions sont surtout l'occasion de réunir toutes les connaissances et parents du défunt. Ils apportent des offrandes (nourriture ou argent) et se rencontrent autour d'un banquet. Ces deux journées sont accompagnées de la musique mortuaire diffusée par mégaphone.