D'après "L'image d'Angkor dans la conscience khmer",
conférence donnée par Bernard GROSLIER à
La Sorbonne le 26 mai 1984.
et les ouvrages de Madeleine GITEAU
Etude de Jérôme ROUER, dec 96, juin 97.
1432 : Prise et mise à sac d'Angkor par les Thaïs.
Selon l'usage ancien (voir les bas-reliefs d'Angkor Vat),
la population, attachée le long d'un long
fil passant à travers le lobe de l'oreille, est déportée
pour servir d'esclaves dans le royaume vainqueur.
La cour s'est installée à l'abri dans une autre
province, attendant des jours meilleurs et un grand roi. Celui
ci arrivera un siècle plus tard...
C'est en effet vers 1550 que le roi ANG CHAN, profitant de la guerre sans
merci que les Birmans mènent aux Thaïs, reconquiert
des territoires et redécouvre Angkor, "au hasard d'une chasse", selon
le témoin oculaire Diégo do Couto.
Il décide de débroussailler le site mais ce n'est peut être que ses successeurs
qui réoccuperont Angkor, pour
la dernière fois, jusqu'à la fin du XVIème
siècle.
ANG CHAN est un bouddhiste terevadin. Les anciennes religions
hindouistes, notamment le brahmanisme qui
avait permis la puissance
de l'ancienne Angkor ont disparu. Il s'agit d'une rupture manifeste
et éclatante. Un rejet certainement dû aux mauvais
souvenirs, guerres, travaux forcés, esclavage, que la fameuse
époque angkorienne avait légué aux populations.
Le grand phénomène du XVIème siècle
est la "bouddhisation" de temples sélectionnés,
en particulier d'Angkor Vat. Il s'agit d'une forme d'appropriation
par le peuple khmer qui va se perpétrer au cours des siècles
jusqu'à l'apparition du monument sur les drapeaux nationaux
successifs.
Comme le dit B. GROSLIER, il y a eu volonté politique de reprendre Angkor pour y faire un grand "show" de Bouddhisme en ne réemployant que les seuls temples qui n'étaient pas trop associés au brahmanisme et au temps certainement honni de la grandeur d'Angkor, notamment de Jayavarman VII. (Jayavarman VII avait construit des temples bouddhiques, Angkor Thom, le Bayon, le Preah Khan etc... qui n'ont pas été réutilisés, peut être parce qu'il ne s'agissait pas de Bouddhisme terevadin. Par contre le Bantea Kdei d'Angkor , connu pour avoir été construit sous Jayavarman VII par une secte terevadin, a été un des trois monuments de Jayavarman VII restaurés et réutilisés! ( les autres sont : le Preah Khan de Kompong Svay et le Vat Nokor à Kompong Cham)
Les chroniques portugaises et espagnoles, les "chroniques royales" présentent l'Angkor du XVIème siècle comme la Rome du Bouddhisme : il y avait plus de mille moines, les pèlerins venaient de tous les pays d'Asie...
ANG CHAN et son successeur vont faire des travaux considérables, mais très sélectifs :