Khmer | Cham | Chinois | Vietnamien | Autres |
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Dicton khmer :
Les Siamois agissent par calcul et intérêt,
les Vietnamiens par ruse et tromperie, les Khmers vertueux n'ont jamais
oublié l'honnêteté, les Chinois sauvages parlent bruyamment.
Seam min chaol kboune, Youne min chaol pute, Khmer
borisot min chaol sachak, A chen apalak min chaol lôla.
Khmer, Lao, Cham, Kha, Khmu, Rhades, Jaraï... appartiennent
à l'Asie brune. Peau brune, teint foncé, yeux ronds et parlent
des langues atonales d'origine commune dite Môn-Khmère.
Chinois, Vietnamien, Hmong, Thaï appartiennent à
l'Asie jaune : type mongoloïde, yeux bridés, teint clair et
utilisent des langues tonales.
Au Cambodge près de 90 % de la population se définit comme
khmère, ce qui ferait de ce pays l'un des plus ethniquement "purs"
de l' Asie du Sud-Est.
Mais:
Traits de comportement et caractère khmers |
Caractéristiques anthropologiques |
Origines du peuplement khmer |
L'ethnie khmère déborde largement de l'actuel Cambodge, tant au nord-est de la Thaïlande, lieu de première constitution mais où ils se siamisent de plus en plus rapidement, qu'au Sud-Vietnam (Khmers krom).
"En ce qui concerne l'éducation, nous nous rappelons que nous
sommes fiers d'être Khmers, originaires de la période angkorienne
ayant le comportement doux, sage, sérieux et persévérant.
Il s'agit d'un type qui connaît le bien et le mal, qui respecte les
lois et les disciplines, qui obéit aux parents et aux maîtres,
qui sait se conduire dans le bon sens et qui fait preuve de compétences
en économie et en architecture ce qui fait du Royaume du Cambodge
à cette époque là, un pays avec des milliers de temples,
avec une superficie immense dont le renom s'inscrit dans l'histoire du
monde et de la région sud est asiatique.
Mais malheureusement, ces caractères et ces comportements
des khmers d'Angkor ont disparu lors des conflits entre les Khmers et les
Khmers au terme des années 70 à 90. Ceci risque de faire
d'une partie de notre génération, des types indifférents,
méchants, ambitieux, destructeurs, voleurs et corrompus...".
NORODOM RANARIDDH, Premier Premier Ministre, 15/03/96.
"Il existe nulle part au monde deux peuples voisins plus éloignés par les moeurs ; presque toujours les deux termes cambodgien, annamite, viendront s'opposer comme deux antithèses." (Docteur PANNETIER, 1917)
"Plus nombreux (que les Chinois) seront bientôt les Annamites
qui continuent instinctivement leur tâche d'absorption, rongeant
les frontières, s'introduisant par les voies fluviales, pénétrant
par les cours d'eau. L'Annamite erre, vagabonde partout où sa jonque
passe, supportant avec sa philosophie naturelle les exigences d'une race
pour laquelle il n'éprouve cependant qu'une aversion instinctive
mêlée de mépris. Il se venge en cherchant à
duper continuellement le Cambodgien avec lequel il forme le plus grand
contraste, sauf en ce qui concerne l'amour du jeu qui leur est commun.
A bout de ressources, le Cambodgien met en gage sa femme, ses enfants,
ses amis et, en dernier lieu, s'engage lui-même." (comme esclave)
AYMONNIER, 1868.
Le Nam Tien ou "la descente vers le sud",
expansion ancestrale qui a abouti à l'absorption du royaume
cham (l'Annam), puis à celui de la Cochinchine qui était
khmère. (Saïgon s'appelait Preï Nokor, la "ville
de la forêt" et fut absorbée vers 1700).
Présents depuis longtemps sur le sol cambodgien, soit par fait
de simple immigration soit par occupation militaire, on en connaît
au moins trois, et colonisation, le nombre de vietnamiens avait considérablement
diminué dans les années 1970 à 1979. Puis de 1979
à 1989 le Vietnam, qui avait envahit le Cambodge, effectua d'importants
transferts de population. Une grande partie est restée sur le territoire.
Autrefois les Vietnamiens supplantaient et anéantissaient. Leur
pénétration a changé de forme, pour se rapprocher
de la "technique chinoise" : se fondre dans le nouveau pays, prendre femme
et se dire khmer... d'origine krom s'il y a problème... C'est une
nouvelle cause de mongolisation, par métissage, du peuple khmer.
On retrouve les Vietnamiens dans les métiers du bâtiment, la petite industrie (mécanique, ferronnerie), la pêche et l'agriculture. Pour ce qui est du commerce, ils achètent et vendent entre eux . Ils tiennent aussi des secteurs lucratifs du tourisme urbain...
Les Khmers-chams sont musulmans, sunnites de l'école chafiite,
et relévent des "Khmers-islam " tout comme les malais du Cambodge.
En 1997 le Cambodge comptait près d'un demi million (un million
en 1970) de musulmans et quelques 260 mosquées, toute offertes par
la communauté islamique étrangère.
Musulmans et bouddhistes ne se mélangent pas et vivent dans
des quartiers ou des villages distincts.
Descendants du royaume Champa, le Champa de Marco Polo, dont la capitale, Vijaya, contemporaine d'Angkor, se trouvait au centre du Vietnam,dans l'Annam, les derniers Chams survivants des Khmers rouges coulent enfin des jours tranquilles au nord de Phnom Penh et dans la région de Kompong Cham.
Le Champa a connu ses heures de gloire et de fastes.
Né de la rencontre, par une peuplade Moï, des cultures
indienne puis chinoise, (des auteurs disent cependant que ce sont des conquérants
malais installés en Annam), le Champa adopte au IVème siècle
l'alphabet indien, le sanscrit qui devient la première langue écrite
de la péninsule. La religion est alors brahmaniste civaiste. Ses
légendes sont du même type que celles du Founan.
Les Chinois les décrivent comme ils décrivent les Founanais
: "noirs de peau , yeux enfoncés dans l'orbite, nez retroussé,
chevaux crépus" ce qui correspond peu aux Chams actuels. Un
autre chinois dit "yeux profonds, nez droit et saillant, cheveux noirs
et frisés".
Arrivés au Cambodge il y a trois siècles, musulmans et
en rapport avec les Malais, les Chams pendant longtemps ne se sont pas
mariés avec des Khmers.
Physiquement plus fins, moins foncés, moins grands et de visage
plus allongé que les Khmers, ils différent nettement de tous
les autres Cambodgiens.
L'apogée du royaume Cham coïncide avec celle d'Angkor, vers
le XIème siècle. Les deux royaumes d'Angkor et de Champa
se sont souvent affrontés jusqu'au 12° siècle. les Chams
ont même occupé
Angkor pendant quelques années de 1177 à 1181. Cependant
jamais les Chams ne furent considérés comme des ennemis héréditaires,
bien au contraire, les Chams, oppressés par les Vietnamiens qui
avaient fondés au X° siècle un royaume indépendant
de la Chine, émigrèrent en masse vers le Cambodge où
ils étaient bien accueillis....
Le dernier roi Cham aurait été capturé par les
Vietnamiens en 1471. La dernière ambassade cham vers son protecteur
chinois date de 1543.
Tous les Chams ne furent pas tués bien que la politique des
Vietnamiens soit de refouler et de supplanter.
La conversion globale du peuple cham date de la chute du Royaume, sans
doute par rapprochement avec des Malais et des Javanais de religion musulmane.
Le Champa disparaît corps et biens au XVIII ème siècle,
après des siècles de lutte contre son destructeur, le Viêt-nam...
Bien que peu nombreux (150 000 en 1975) les Chams ont toujours joué
un rôle important dans la politique intérieure du Royaume
et ont toujours été des alliés fidèles de la
royauté, obtenant ainsi titres et privilèges non négligeables.
En 1964 se créa un Front de Libération du Champa, soutenu
par le gouvernement cambodgien, contre les Vietnamiens. Ce Front fut connu
sous le sigle FULRO pendant la seconde guerre d'Indochine..
En 1975 les Khmers rouges ont anéanti plus de la moitié de la population cham du Cambodge et rasé jusqu'à la dernière brique toutes les mosquées...
Dans les mosquées, le tambour cham, avatar d'anciens rituels,
accompagne la prière et rappelle que les Chams n'ont adopté
la religion musulmane que tard dans leur histoire.
Les femmes ne portent pas le voile, n'entrent pas à la mosquée,
et n'épousent que d'autres musulmans. En plein Ramadan 1996, le
touriste pouvait voir des cochons paître dans le parc de la mosquée
Internationale... Il n'est pas faux de dire que la population cham, bien
que sourcilleuse quant à ses différences, est parfaitement
intégrée à la communauté cambodgienne.
Le bouddhisme cambodgien interdisant de tuer les animaux, le métier de boucher est souvent occupé par des Chams.
Dès le 18éme siècle Phnom Penh était marquée
par la présence, essentiellement commerçante, des chinois.
Ceux- ci, en pratiquant l'usure (des taux de 500 % pour six mois), arrivaient
à faire son esclave du Cambodgien.
Le Protectorat avantagea outrageusement l'ethnie chinoise, au point
de faire du Cambodge, sur le plan économique, une colonie chinoise.
Les Khmers Rouges, bien qu'ayant exterminé les chinois du Cambodge,
s'appuyèrent sur l'aide de la Chine, notamment pour faire venir
des experts. Mais ceux-ci n'avaient pas le droit de frayer avec la population.
Le roi Sihanouk entretient une fidèle amitié avec la Chine.
Mais c'est ici que le problème se complique et tourne au paradoxe
: grâce à nous, Français, les Chinois (avec leur organisation
en congrégations indépendantes) constituent actuellement
un Etat dans l'Etat cambodgien, car loin de faciliter cette assimilation
à la patrie khmère, nous faisons tout pour l'empêcher.
Nous nous sommes, en effet appuyés sur ces étrangers
et posés comme leurs protecteurs,
[ Ce que nous avions fait également au Siam; L'importance
de l'élément chinois au Siam est tout à fait comparable
d'ailleurs, à ce qu'elle est au Cambodge, et le problème
était le même dans les deux pays jusqu'au dernier traité
(1907). Pourquoi le Cambodge ne l'a-t-il pas encore résolu? ]
(ils n'ont pas encore de consuls en Indochine), réalisant
à leur bénéfice, vis-à-vis du Gouvernement
Cambodgien, un véritable régime d'extraterritorialité;
en sorte qu'ici le Chinois apparaît, aux yeux de l'indigène,
comme une manière de Français. [ En réalité,
il y est mieux qu'un Français car, outre la fixité, la pérennité
que la Français ne saurait avoir sur les lieux, il possède
indiscutablement d'énormes avantages sur ce dernier , en raison
de son mode de vie voisin de celui de l'indigène, et de conditions
générales trop connues pour qu'il soit nécessaire
d'insister]
Il échappe tout à fait à l'action administrative cambodgienne; les autorités locales n'en ont même pas le contrôle.
C'est à l'année 1897 que remonte cette situation, relativement récente, on le voit. Jusque là, les Chinois, tout comme au Siam actuellement, étaient justiciable des tribunaux du pays, et soumis aux mêmes corvées que les autres sujets. Notre Représentant, qui avait engagé la lutte contre Norodom, leur fit un jour ce cadeau inattendu, pour réduire le pouvoir royal au profit de notre Protectorat.
On comprend quel poids mort pèse ainsi, au point de vue social,
sur le Cambodge ! Et , comme au point de vue économique le Chinois
est aussi le maître, qu'il possède toute la fortune, on voit
qu'il constitue, grâce à nous, et au détriment de l'indigène,
une classe privilégiée dans ce pays qui n'est pas le sien.
Il faut voir de quel air il traite les autorités locales - qu'il
tient, d'ailleurs, par l'argent, par le jeu- et quel sourire ironique de
pitié il affecte pour l'habitant!
Il vit, cependant, à côté de lui, bien mieux,
se mêle, s'allie à lui. Mais il sait parfaitement que c'est
de nous seul qu'il relève. Or, nous sommes larges, nous sommes lointains,
nous sommes instables, sans ténacité. Moyennant un impôt
de capitation annuel d'environ 14 piastres, il n'est guère plus
inquiété qu'un Européen, bien moins qu'un Annamite,
sujet Français. Pour lui, ni prestations, ni corvées, ni
réquisitions, ni service militaire (ou de milice), ni les tracasseries
et vexations auxquelles sont exposés les habitants (un des principaux
griefs des manifestants de 1916 et qui font, par exemple, qu'un témoin
quelconque, convoqué par les autorités de l'intérieur,
est normalement traité comme un inculpé), ni surtout la juridiction
cambodgienne!
Aussi les métis chinois, très nombreux, s'obstinent-ils,
après de longues générations, à se réclamer
de leur ascendance étrangère, alors qu'ethniquement tout
différence avec les indigènes s'est effacée ( il arrive
que de purs Cambodgiens invoquent ainsi un atavisme chinois imaginaire);
ils connaissent si bien cette situation privilégiée du Céleste
qu'ils ne sauraient avoir la moindre hésitation à opter;
ils préfèrent s'acquitter d'une capitation trois fois plus
forte que celle des ressortissants cambodgiens, et ils y ont bénéfice
: ils échappent ainsi à l'Administration et à la Justice
du pays, si lourdes à l'habitant. J'ai vu pour le même fait
deux voisins, frères de langue et aussi de race manifestement, l'un
jugé par le tribunal français, l'autre par le tribunal cambodgien,
condamnés , le premier à quelques piastres d'amende, l'autre
à trois ans de prison.
Et l'on aboutit de la sorte à cette conclusion vraiment paradoxale:
dans le Royaume actuel du Cambodge (1917) tous les statuts sont préférables
au statut cambodgien. L'indigène devient ainsi en définitive
le paria de son propre pays.
Cette situation dualiste s'exprime en dernière analyse chez
les prisonniers, ultime centrifugation de cette inégalité
révoltante. Il est aisé de faire la comparaison de notre
prison centrale à Phnom-Penh avec la prison cambodgienne, contiguë
l'une à l'autre: encombrement, défaut d'hygiène, sont
le triste lot de cette dernière, avec le port des chaînes,
les durs travaux pour le détenus (même les condamnés
pour dettes ou pour contraventions administratives à cinq jours
de prison, y compris les prévenus, sont mis à la chaîne
et confondus), et comme conséquences : morbidité et mortalité
au moins quintuple chez les derniers. En 1917 : 8 décès d'un
côté, contre 62 de l'autre ( pour un effectif qui n'est pas
triple); en 1916: 2 contre 42; en 1917: 5 contre 44 et en 1918 (premier
semestre): 3 contre 31 .
Dédaigneux des conséquences de cette situation (dont la gravité éclatera le jour où la Chine établira dans le pays une représentation diplomatique), notre esprit fiscal superficiel favorise semblable monstruosité de tout son pouvoir!"
Il existe un peu partout en Indochine des populations arriérées,
cantonnées dans les montagnes ou les forêts, dont le niveau
culturel est semblable. En effet, du point de vue ethnologique, on constate
une certaine unité : l'organisation est tribale, souvent limitée
à un village ; l'alimentation est basée sur la chasse, la
pêche et la cueillette, ainsi que sur une piètre culture du
riz de montagne, sans irrigation, sur brulis ou par essartage (ray). Ils
parlent des dialectes différents d'une tribu à l'autre, mais
ceux-ci se rattachent à des familles linguistiques diverses, ce
qui semble traduire des influences étrangères : le tibéto-birman,
l'austro-asiatique (ou môn-khmer), ou le malayo-polynésien
(austronésien).
Ces primitifs n'ont pas de nom collectif ; partout on les désigne
sous des vocables qui signifient sauvages ou esclaves : pnong en
cambodgien, chong en thaï, kha en laotien, moï
en vietnamien, sakai en malais, kuki en bengali...
CONDOMINAS les nomme « protoindochinois », terme qui indique
qu'il s'agit des véritables autochtones de la péninsule indochinoise.
Au Cambodge, on les désigne officiellement sous le nom de Khmers-leu
(ou Khmers de la montagne, Khmers d'enhaut), et l'on cherche d'ailleurs
à les intégrer, à les « khmériser ».
Principales tribus (Pour plus de détails, lire "les populations primitives") :
Nord-est | Nord | Nord-ouest | Ouest | Sud |
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Kravet | Kouys | Samré (les tatoués) | Péars (ou Porrs) | Saoch |
Braos | ||||
Krûng | ||||
Tampuon | ||||
Mnong | ||||
Stieng | ||||
Jaraï |
Outre les Khmers, le territoire comprend deux grandes ethnies autochtones
: les Samré et les
Kouys originaires de la région
du Grand Lac.
Mouhot
appréciait particulièrement les Samré qui étaient,
avec les vietnamiens, les seuls à qui il trouvait des qualités.
Le territoire comprend encore des centaines d'ethnies Môn qui
se retrouvent soit dans les montagnes, soit dans les zônes les plus
déshéritées et d'accés difficile... Ce sont
en général des populations animistes et très superstitieuses
A titre d'exemple, une étude de terrain de Frédéric
Bourdier en 1995, dans le cadre de l'AUPELF.UREF donne les chiffres suivants
pour la population de la province de Ranatakiri (nord-ouest du Cambodge)
:
ETHNIE | Nb | Groupe linguistique |
Tampuan | 16 368 | môn-khmer |
---|---|---|
Jorai | 14 040 | malayo-polynésien |
Krung | 13 430 | môn-khmer |
Khmer | 9 396 | |
Lao | 6 467 | |
Brao | 5 328 | môn-khmer |
Kachach | 2 164 | môn-khmer |
Kraveth | 1 210 | môn-khmer |
Vietnamien | 753 | |
Chinois | 190 | |
Lum | 41 | môn-khmer |
Phnom | 32 | môn-khmer |